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Post-Scriptum, Gildas Richard
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3 janvier 2005

Brassens, 20 ans déjà

 

Le grand chêne

Si le Bon Dieu l'avait voulu, il serait encore là le grand chêne, le croque-notes qui savait malicieusement épouvanter la princesse, décrire le jupon mité d'Hélène et mettre à nu l'intraitable Pénélope. Dieu, s'il existe, aurait pu laisser un peu plus de temps au mécréant… Mais non, ce fut le 29 octobre 1981 à 23h15 que le bulletin de santé fit le mort : ainsi qu'il était écrit dans le testament, le bonhomme n'aurait plus jamais mal aux dents. Vingt ans plus tard, mais le temps ne fait rien à l'affaire, le fantôme rigole encore derrière la moustache parfumée de tabac bleu. Les oiseaux de passages, qui ont la plume moins agile que celle du pornographe, ont niché dans le verger du roi et mixé à leur sauce les aventures de la fille à cent sous, les déboires du Pauvre Martin et l'envieux refuge d'un petit coin de parapluie. Aujourd'hui comme hier, sur le boulevard du temps qui passe, les rimes dans le vent du mauvais sujet repenti nous sont la rose, la bouteille et la poignée de mains. Sur la route des quatre chansons, elles nous mettent en garde. Contre les cons, les chauvins, les porteurs de cocardes, les imbéciles heureux… Entre la rue Didot et la rue de Vanves, entre l'Espagne et l'Italie, sur tous les chemins qui nous mènent des châteaux de sable au fossoyeur.

Ou qu'il soit le joueur de flûteau, auprès de son arbre ou au bois de son cœur, il s'est fait tout petit. Mais la pensée des morts n'est jamais loin. Le vieux Normand a rendez-vous avec nous : pour rassurer les copains d'abord, leur dire que ce n'est rien, qu'il suffit de passer le pont. Pour chantonner à ceux qui ne pensent pas comme nous, qu'on peut mourir pour des idées, oui, mais de mort lente. Enfin, pour donner son avis de modeste sur le progrès, les patriotes ou encore la bandaison.

Et l'amour ? Misogynie à part, qu'en est-il ? Est-une jolie fleur ou une chasse aux papillons ? Vraiment, n'y-t-il pas d'amour heureux ? Sourire qui trompe la mort : C'est un volcan dans l'âme, le plus charmant des remu'-ménage… mais il est des jours où Cupidon s'en fout.

(Texte truffé de 46 titres de chansons de Brassens).

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