Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Post-Scriptum, Gildas Richard
Archives
1 mars 2005

Chronique d'un jour de manif

 Selon la police

On pourra toujours dire que c'est un samedi, qu'on est venu en famille avec les gosses, le chien et la grand-mère…. Que c'est un cortège un peu fourre-tout, que sans les facteurs, les infirmières et les profs, ce défilé serait une petite litanie de peau de chagrin… On pourra toujours dire, n'empêche ! Ce 5 février, selon la police, ils sont des cents et des milles. Selon les organisateurs, unifiés pour la cause des 35 heures, ils sont deux fois plus. Un jour, peut-être y aura-t-il une instance indépendante qui pourra dresser avec justesse la comptabilité de toutes les grognes qui arpentent les rues ? En attendant cette autorité, chacun s'est habitué à ce calcul simple qui consiste à couper la poire en deux pour connaître le nombre de divisions. On pourra toujours dire, n'empêche que l'on continue de faire des manifestations comme au temps de grand-papa… Et peut-être que ceci peut expliquer cela quant à l'image vieillotte et souffreteuse du syndicalisme. Ainsi ce 5 février, chacun des chefs de troupeaux s'est succédé, perché sur sa fourgonnette, y allant de son grand discours teinté d'un lyrisme chevrotant. Personne n'écoutait et d'ailleurs, tout le monde s'en foutait, attendant que ça se passe en échangeant sur les chances du XV de France en Ecosse. Impatiens, les enfants demandaient quand c'est qu'on allait où… Enfin, les humeurs se mirent en mouvement. Alors, le badaud qui regardait le train passer put se faire sa petite idée sur l'image syndicale. Pas fraîche : le pas fatigué malgré la voix enjouée d'Isabelle Aubret braillant dans la sono. Sous les casquettes qui avaient sûrement fait les révolutions, beaucoup de cheveux avaient perdu la tête. Pas branchée : ici et là, des tentatives musicales pour faire djeune avec de la dance. Pas facile à comprendre : il y avait les Cfqueq'chose et les Cgtrucs. Chacun son drapeau, chacun son slogan. Il y avait des Sudistes aussi : du soleil dans la sono, des accents alter, de la couleur et des tam-tam. Tout ça semblait cohérent avec le nom affiché. Notre badaud, qu'il fut bobo ou gogo, demeura perplexe. Il se demanda ce qui les faisait tous marcher : la lutte, l'habitude ou l'envie d'aller plus loin ? Lui, il n'aurait pas su dire où c'était, l'Utopie.

Publicité
Commentaires
Post-Scriptum, Gildas Richard
Publicité
Publicité