Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Post-Scriptum, Gildas Richard
Archives
3 janvier 2005

Voyage en Tunisie (hiver 2002)

 

Les quatre saisons

Dimanche

Impatients, nous suivons avec attention les informations qui s'affichent sur les petits écrans au-dessus des deux travées de sièges de l'A320 qui file par-delà les nuages, dans un bout de ciel, quelque part entre Sardaigne et Baléares. Altitude : 11 500 mètres ; température extérieure : - 65°C ; temps de vol restant : 35 minutes. Drôle d'impression. Celle d'un migrateur qui traverse la Méditerranée pour un autre continent, allant chercher le soleil et sa clémence de l'autre côté de la mer. Moi qui aime que l'hiver soit l'hiver, avec son givre, sa neige et ses bourrasques mouillées, me voilà en partance pour changer de saison, d'année et de point de vue. Pour le voyage, deux bouquins aux titres évocateurs en la circonstance : Promenade de Régis Jauffret et L'effacement du monde d'Éric Pessan. Je referme le premier alors que l'avion vient d'entamer sa descente. Nouveau coup d'œil impatient. La température extérieure devient positive. Lorsqu'il s'immobilise enfin sur l'aéroport Habib Bourguiba de Monastir, on nous annonce 17°C. Aucun des guides que nous avions feuilletés avant le départ n'avait été aussi généreux, plafonnant à 15 à cette époque de l'année. Dans la navette qui nous conduit à l'hôtel, on quitte blousons et pull-over. Deux heures plus tard, premiers pas au bord de la Grande Bleue. Déjà, quelques jeunes guettant le touriste s'approchent. Malgré mon peu d'enthousiasme, l'un deux s'acharne à me coiffer d'un tissu blanc. Je lui refuse le dinar que je n'ai pas encore eu le temps de me procurer. « Bienvenue en Tunisie » dit-il en s'éloignant.

 

Lundi

Comment découvrir une ville inconnue ? Monastir. Habitué, le chauffeur du bus 52 ne s'est pas posé la question et nous a laissés là, à quelques pas de l'entrée de la médina. Nous empruntons l'étroite ruelle bordée d'échoppes à souvenirs que les vendeurs nous invitent, avec insistance, à découvrir. On se croirait au Mont-Saint-Michel, la Mère Poulard en moins.

Très vite, nous nous éloignons de l'axe central et retrouvons la tranquillité quotidienne de la vieille ville à l'abri derrière ses murailles, avec ses nombreux artisans travaillant sous le portrait de Ben Ali, ses enfants tapant dans les balles, ses chats aux terrasses de gargotes... Par hasard, nous arrivons à la station de louages, système de taxis collectifs qui relient les villes. Un chauffeur, plus âgé que les autres, nous explique le principe simple : le véhicule ne part qu'une fois plein. Malgré l'énervement des autres conducteurs, le bonhomme prend le temps de nous parler. Peut-être aimerait-il nous raconter Monastir ? Nous dire que cette station balnéaire, grâce à sa position stratégique, permit à Jules César de préparer sa campagne vers l'Afrique. Qu'aujourd'hui, si elle est si coquette et entretenue, c'est parce qu'elle est la ville natale de feu Bourguiba.

14h00. C'est l'été. Dans le cimetière marin qui jouxte le Ribat, monastère forteresse, la chaleur s'accommode d'un T-shirt. Ici les morts reposent en bordure de mer. Au milieu de cet immense champ de pierres blanches sans fioritures - quelques pierres tombales sont de faïence - une immense allée dallée au bout de laquelle se dresse le mausolée de Bourguiba : cour marbrée entourée de rangées de colonnes, murs de mosaïques, minarets, dômes aux tons pastel striés comme des coquillages... Sans doute aura-t-il fallu des paquets de milliards de dinars pour le réaliser. A l'intérieur, curieusement, rien sur ce que le vieil Habib aura laissé à sa patrie. Seulement les habits d'Habib, un cadeau de Reagan à Habib et des photos : Habib enfant, Habib à l'armée, Habib à faire la popote, Habib plongé dans un bouquin... Juste avant de monter dans le minaret, le fonctionnaire en faction s'est inquiété :

      -          Deutsche
-         
Non, Français.
-          Bon. Alors, allez-y !

 

Mardi

Réveillés en pleine nuit. Dehors, des volets claquent, soufflés par la tempête. Il semble que le ciel a brusquement changé d'humeur au moment où nous avons souhaité la bienvenue à l'année nouvelle. Au matin, le serveur nous a dit qu'ici, lorsque le vent vient de la mer, il reste cinq jours. Sympa, il a toutefois ajouté que cela allait s'améliorer. En attendant, c'est l'hiver et son ciel bas balayé par les bourrasques.

Nous roulons vers Kairouan. Sur la route, quelques ânes et beaucoup d'Isuzu. Chargées de monumentales bottes de carottes, de moutons ou de parpaings, ce sont les voitures fabriquées dans le pays qui ont pris la succession de la bonne vieille 404 Pigeot. A l'approche de la ville, les passagers (des gens d'ici), farfouillent et tendent la monnaie au chauffeur. Monastir-Kairouan, c'est 60 kilomètres, c'est 4 dinars, soit un peu plus de 20 francs. Et combien en euros ? On s'en fiche…

Descendus, nous avons trop vite été pris en charge par un jeune qui entendait nous faire visiter la ville mais plus probablement nous entraîner chez un copain marchand de tapis. Une fois mis le holà, nous avons pu voir Kairouan. La grande mosquée. Une cour de marbre blanc, entourée de doubles arcades, qui relie le minaret à la salle de prières. Cette dernière étant inaccessible pour qui ne fait pas la prière à Allah, nous restons sur le seuil. Sombre, une forêt de colonnes aux pieds chaussés de tapis... Un homme entre, passe les mains sur son visage après les avoir frottées contre une colonne. Il avance, se met à genoux et se prosterne à plusieurs reprises. Étrangers, nous ne faisons qu'entr'apercevoir dans cet espace, le rite d'un alphabet secret qui rythme la patience d'un dieu. Après un déjeuner épicé au Restaurant de la Jeunesse, nous allons nous perdre dans les ruelles de la médina.

Il y a là, le bleu délavé des murs, celui d'azur méticuleux des portes aux magnifiques battants cloutés de noir, le bleu pastel des entourages, les arcs outrepassés des ouvertures aux pierres comme des dominos, l'ocre des marches… Il y a là ce qui enchantait Paul Klee qui disait de Kairouan : « Ici, la lumière me possède. » Un guide (officiel semble-t-il) nous invite à entrer dans un mausolée. Il insiste sur la beauté du lieu et finit par nous promettre la caserne d'Ali Baba : il pousse une armoire derrière laquelle une petite ouverture s'ouvre sur une pièce remplie de tapis !

 – Pourquoi tu veux pas de tapis ??? C'est trop petit chez toi ?… » 

Retour-détour par le souk et le marchand de makroud. Avant de repartir, nous marquons une pause au bir Barouta pour un thé à la menthe. Autour de nous, des touristes italiens fument le narguilé. 

Mercredi

Dans le TGM, petit train qui relie Tunis à La Marsa, en passant par Carthage, le soleil donne. Printanier. Sur la vitre, une inscription en français et en arabe avertit le voyageur de ce qu'il encourre en cas d'irrégularité. J'essaie de repérer comment s'écrit tel ou tel mot. Un exercice qui me rappelle ce qu'écrit Éric Pessan dans son dernier roman : «Les mots sont à ce point familiers qu'ils paraissent naturels. La culture intègre l'organisme. C'est là le grand tour de passe-passe du langage, sa magique assimilation, au point où l'on ne sait plus comment penser sans ses services. » Descente à Sidi Bou Saïd : un autre enchantement. Village qui domine la mer. Maisons aux toits plats comme ailleurs (pour recueillir l'eau de pluie). Sur ce blanc lumineux, tout est bleu tunisien : moucharabieh, volets et boîtes à lettres. Jasmins et bougainvillées, orangers et palmiers maquillent joliment janvier. Un village qu'il est facile d'imaginer en pleine saison. On profite du calme pour déjeuner en terrasse de bricks et d'un couscous légumes suivi d'un thé dégusté au célèbre Café des Nattes chanté par Bruel et où, apprend-on dans le Routard, Gide, Montherlant, Bernanos et Simone de Beauvoir ont « goûté un instant de bonheur ». Chacun son tour. C'est le nôtre et on lézarde un peu sur les marches chauffées à blanc.

Trop bref passage à Tunis dans les souks colorés. Souk des chéchias, souk de la laine, souk des orfèvres, souk des parfums, souk des babouches…

17h30. ça fait au minimum trois fois que l'on fait le tour du quartier Moncef Bey. Le chauffeur du louage marmonne. Pas question pour lui de rentrer à Monastir avec seulement deux passagers. Pendant que l'on patiente, un lyonnais en séjour au bled nous explique qu'il faut se battre pour faire le louage. Souvent, deux ou trois types se mettent en commun pour investir dans un véhicule et se relaient pour le conduire 24 heures sur 24. Notre chauffeur est descendu pour tenter de choper les clients et les embarquer avant ses concurrents. Grands gestes, le ton qui monte et qui redescend aussi vite. Finalement, à force de patience et de hargne, la voiture est quasiment pleine. On peut rentrer.

Arrivés à l'hôtel. Coup d'œil dans La Presse, quotidien pro-gouvernemental qui semble jouir d'un fort tirage. A la une, Ben Ali souhaite prospérité, paix et sécurité à la nation. En pages intérieures, beaucoup d'encarts publicitaires d'entreprises qui ne manquent pas de présenter leurs vœux à « Son excellence Monsieur le Président de la République Zine El Abidine Ben Ali ».

Jeudi

Lever à 5h00 pour le départ d'une excursion dans le sud, proposée par l'hôtel. Déjà, l'on sait que cela se fera trop vite, mais la tentation d'aller voir les trois déserts est forte… Désert de pierre, désert de sel et désert de sable. Notre guide profite des quelques heures de trajet pour nous parler du pays. De son agriculture avec les immenses plantations d'oliviers, la production à trois étages dans les palmeraies où, sous les palmiers-dattiers, sont cultivés des légumes. De son tourisme en plein essor avec l'ambition des autorités d'arriver à 6 millions de visiteurs par an (contre 4 aujourd'hui). De son « regretté » président qui aura, dès le lendemain de l'indépendance en 1957, imposé un code civil révolutionnaire - notre guide sera beaucoup moins disert sur l'actuel président. De l'école qui interdit le port du voile. Des ressources qui permettent à la Tunisie d'être autosuffisante tant sur le plan alimentaire que pour le carburant. De la volonté gouvernementale de développer le tourisme dans le sud… Un guide, fier de son pays donc, et ça s'entend. Notre première étape est El Jem sur la côte orientale. Nous y descendons sous un ciel en pleurs, dans une grisaille d'automne. Impressionnant ! On se croirait à Rome… Devant nous, un amphithéâtre édifié à la fin de IIième  siècle, du temps où les Romains étaient les maîtres du monde.

Rapide déjeuner (rien de typique) et on repart. Bien que nous ne concourions pas pour le Dakar, on emprunte pendant quelques heures des 4 x 4 à partir de Metlaoui. Nous traversons des bleds tel Redeyef et j'aime apercevoir tout le quotidien qui s'enfuit sans faire de bruit : un homme au milieu de son troupeau, un autre seul assis sur une marche, des enfants qui tendent une main amicale, un vélo abandonné au milieu de la rue, des hommes qui jouent aux dames avec des noyaux d'olives, d'autres qui refont le monde, assis à l'ombre… Arrivée à Tamerza. Ici, on a reconstruit le village, dévasté par les débordements de l'oued en 1969. Devant les cascades, on peut devenir songeur, devant ce trésor oublié. Le soir même, dans la salle de bains du complexe hôtelier de l'oasis de Tozeur, un petit mot nous invitera à y prendre garde, à ne pas laisser inconsciemment le robinet ouvert… Dans le groupe, il y a une femme dont les sentiments ne peuvent pas s'exprimer par des ah ! d'admiration. Trop intérieurs. Son regard se perd et reste suspendu sur la crête montagneuse qui domine Tamerza. Derrière, à quelques kilomètres, c'est l'Algérie, son pays qu'elle n'a pas revu depuis trop longtemps. Le guide s'approche. « Le tourisme, c'est bon pour la paix, dit-il. Votre pays, madame, il est très beau ».

- Je sais...

C'est tout ce qu'elle a pu murmurer.

Chebika. Les 4x4 se sont immobilisés devant un petit groupe d'hommes qui semblent vivre au ralenti, à cette heure. Je pense à ce que nous ne manquons pas d'être pour eux : des touristes, des étrangers, riches et pressés. Comment pourrait-on prétendre le contraire ? Les enfants d'ici le savent, qui nous harcèlent pour un stylo, un bonbon, un dinar contre un collier, l'éclat d'un cristal de roche de mica, une rose des sables… Ballade sur les hauteurs du site jusqu'au mausolée depuis lequel on embrasse l'oasis, encaissée entre l'ocre des hautes roches et le plat du chott (désert de sel). Devant nous, Tozeur et déjà le soir. Arrêt photos : le soleil se pose. Sur la route, une dernière image : un homme avec son bourricot qui trottine sur la route qui longe l'aéroport international. Image d'un pays où chacun va son rythme.

  

Vendredi

Sept heures et 30 minutes. Tozeur s'éveille.  Dans la rue, tous les enfants nous disent bonjour. Ils seront en classe jusqu'en milieu de matinée, puis, d'autres prendront le relais jusqu'à 12h30 et d'autres encore prendront la relève. Un aménagement horaire mis en place en Tunisie pour permettre à tous de pouvoir suivre les cours. Tozeur et son cachet : son architecture de briques faites d'un mélange de sable et d'argile. Tozeur et ses femmes voilées. Tozeur et son développement touristique qu'il a fallut stopper : les 18 hôtels déjà construits consomment à eux seuls énormément d'eau. Tozeur et les premières odeurs en provenance du marchand de beignets. Tozeur et sa palmeraie de plus de mille hectares divisés en parcelles privées. Bananiers, palmiers-dattiers, grenadiers, figuiers mais aussi, à l'abri des fruitiers, piments, choux-fleurs et autres légumes. Les jardiniers qui font tout le boulot n'ont pas de salaire, ils perçoivent 1/5ème de la production annuelle. Tozeur et sa main d'œuvre : dans une rue, des ouvriers du bâtiment attendent, assis par terre. Ils attendent comme chaque matin, qu'un employeur vienne les embaucher en cas de besoin.  

Nous entamons la traversée du chott El-Djerid, immense plaine de sel séparant le reg du Sahara. Un plat pays fait de sables mouvants et sur lequel, l'été, apparaissent les mirages. Nous n'aurons pas d'hallucinations : trop froid, vent glacial et ciel blanc. Par endroit, le sel qui fleure la terre fait penser au givre de nos campagnes.

Lentement, quelques traînées de bleu ont réussi à percer le ciel malade. C'était juste après avoir quitté Douz, là où nous avons aperçu le Sahara, trop rapidement, le temps d'une ballade à dos de dromadaires. Le temps qu'il faut pour être suffisamment frustrés.

Dans un voyage, il y a toujours le coup de cœur. Nous y sommes. En plein sud, à environ 400 kilomètres de la capitale : Matmata. Ici, les Berbères se sont enterrés, creusant leur habitation dans la roche tendre. Paysage de collines aux courbes apaisantes, désertiques, mouchetées de quelques arbustes. Nous visitons l'une de ces habitations troglodytiques. Sans chauffage, il y fait bon. Toutes les pièces débouchent sur une cour à ciel ouvert, véritable puits de lumière. Fatima, la propriétaire nous accueille avec les mimiques agaçantes de celle qui a appris à prendre la pose, à dire merci, thank you, grazie…  Elle a tellement l'air authentique que c'est gênant. Qu'a-t-elle dû accepter pour avoir le « privilège » de transformer sa maison en halte obligée des charters de touristes que nous sommes ? La visite d'un musée aurait été préférable. Les règles y sont plus claires et le bénéfice a forcément plus de retombées pour toute la collectivité.

Nous redescendons dans la vallée et profitons encore pleinement de ce paysage de Lune. Malheureusement, sur un pan de colline, on découvre en immenses lettres blanches « Welcome to Matmata ». Manque plus que l'enseigne de Coca-Cola.  

Revenir à Matmata, un jour. La nuit est tombée et nous faisons une halte à Kairouan. Kairouan, l'hiver ou l'été. Kairouan, le jour ou la nuit. Visage changeant. La légende dit que si l'on boit l'eau du puits au bir Barouta, on reviendra à Kairouan. Mardi, nous n'avons pas bu de cette eau et pourtant, nous voilà déjà de retour. Peut-être simplement parce que nos pas vont là où notre cœur les y emmène.

 

 

Samedi

 Dernier jour. L'excursion en groupe est finie. Alors en profiter pour se régaler, pour marchander et pour voir Sousse. Avec le bleu du ciel et quelques nuages. Une cinquième saison pour habiller les sentiments qui se pressent et où pointe déjà la nostalgie du présent. Troisième ville de Tunisie après Tunis et Sfax, Sousse s'étend en bordure de mer, à 20 kilomètres au nord de Monastir. La médina est entourée de remparts crénelés. Nous cherchons un magasin d'État dans lequel nous pourrons nous faire une idée des prix… avant d'aller négocier. Après avoir arpenté la Rue de la Corniche, nous entrons dans la médina et cherchons le Restaurant du Peuple, sur les conseils du Routard. Sur le seuil, Walid, le serveur, nous récite tout ce que le Routard a écrit sur le lieu. Nous choisissons une salade tunisienne, une petite ration de couscous suivie d'un excellent tajine. En dessert, des mandarines parfumées et délicieuses. Pourquoi d'ailleurs n'en trouve-ton plus sur nos marchés nantais ? Peut-être parce qu'il y a trop de pépins… Dommage. Un déjeuner servi avec la gentillesse qui caractérise les quelques tunisiens qu'on a pu côtoyer, comme cet homme qui fit quelques pas avec nous sur la grande avenue de Tunis.

Le souk. Pour marchander, la moindre des politesses dans ce pays… Après quelques repérages, je me décide pour l'achat d'un petit échiquier.

-  Viens, rentre, regarde… Français ? C'est pas cher… Même si t'achète pas ! Pour le plaisir des yeux. Lequel te plaît ?

-  Je ne sais pas trop, j'hésite.

-  Tiens regarde ! C'est en bois d'olivier !

-  Humm. Combien pour celui-là ?

- 28 dinars.

- Ah ! Non, c'est beaucoup trop cher…

- Attends. Combien tu mets pour cette qualité là. Combien tu mets ?

-  Je mets 14 dinars. Pas plus.

- Attends… On discute parce qu'on est jeune… Hein ? Mais il faut que tu me respectes toi aussi. Tu me dis que 28 dinars, c'est trop et moi je te dis que 14 dinars c'est pas assez… Alors on coupe la poire en deux : 20 dinars.

- Pour moi, la moitié de la poire, c'est 15 dinars au maximum. Ou alors, on ne parle pas de la même poire !

- Allez 17 dinars. On discute, hein ?

- Non, 15. Ou alors 17 mais avec ça en plus.

- Allez… ça marche. Tope-là !

 

 

Dimanche

La nuit. La salle d'embarquement est fatiguée. Fin de séjours. Nuits trop courtes. Valises chargées de regrets et têtes pleines de futurs souvenirs. Pour distraire la fatigue, pas un seul journal. Alors, on regarde les uns. On reconnaît les autres qui avaient fait la traversée avec nous. 6h05, l'appareil de la compagnie Novelair est annoncé.

Je retrouve les mots de Régis Jauffret abandonnés le temps du séjour : « La vie est une promenade, on va, on vient, on s'achemine. On n'a pas le temps de se dire que la promenade valait la peine malgré tout. Les lumières se sont déjà éteintes. On n'aura existé que pour cette joie immense et brève. »

 

 

 

Publicité
Commentaires
Post-Scriptum, Gildas Richard
Publicité
Publicité