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Post-Scriptum, Gildas Richard
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2 février 2006

France - US / aux sources des ruptures

par Nicolas Cardou chargé d'un programme de l'Alliance Française en faveur des enfants défavorisés à Washington Vivant aux US depuis une dizaine de mois, j’aurai vu tour à tour l’emballement médiatique de la France pour les inondations d’ici, et d’ici pour les émeutes de là-bas. Ces phénomènes croisés révèlent la pugnacité des systèmes à annoncer l’effondrement de celui que l’on regarde outre-atlantique comme son opposé. On peut gloser à juste titre sur le fait que la France et les États-Unis sont par définition les deux modèles universalistes de civilisation démocratique, antithétiques l’un de l’autre ; et que de ce fait le récit d’épisodes malheureux chez l’un est forcement exploité par l’autre. Il y a cependant beaucoup à tirer d’un regard un peu plus fouillé. Dirigeant un programme de solidarité dans les écoles défavorisées de Washington DC, je ne m’habitue toujours pas à voir la ville passer du tout « caucasien » (on ne dit pas white) au tout afro-américain (on ne dit pas black) quand je passe de l’ouest à l’est du Capitole et je regarde toujours avec incompréhension ces écoles publiques (car il y en a), qui ne comptent pas un seul blanc, s’effondrer doucement. Certes la situation est dans cette ville plus accablante qu’ailleurs, certes il y a aux États-Unis une histoire complexe des relations sociales muées évidemment par les migrations volontaires et contraintes, ferment du communautarisme. Il demeure pourtant inacceptable que ces écoles cumulent tous les facteurs négatifs (mauvais professeurs, moyens en baisse constante…). Comme si l’on coupait la jambe d’un unijambiste pour l’aider à marcher. Pourquoi ? Surtout parce que cette situation est une conséquence politique de la philosophie néoconservatrice pour laquelle la démocratie est le garant d’une société tribale. Celle là-même qui trônant à la NBA interdit aux basketteurs d’assumer leurs propres modes vestimentaires (hip-hop) pour éviter toute mauvaise influence sur leurs enfants blancs. Ce modèle extrême contre lequel de nombreux Américains s’insurgent (ceux dont l’esprit critique n’a pas été recyclé) nous est-il si lointain ? Ici, un ami marocain me disait n’avoir jamais été regardé avec le dédain qu’il a connu en France, avoir trouvé comme de nombreux maghrébins un emploi lié à ses qualifications. Il serait idiot de croire qu’il y a aux États-Unis plus de racisme qu’en France, il n’y a simplement plus assez de conscience politique. Et au regard des dérapages récents sur les racailles et du niveau intellectuel de nos médias, je crains que nos lendemains pleurent autant ici que là-bas. Pour réagir : nicoliseawdc.hautetfort.com
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