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Post-Scriptum, Gildas Richard
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12 septembre 2005

Tristes tropiques

Des hommes comme des bêtes sauvages, qui pillent, qui violent, qui tendent les bras au ciel vide. Des hommes aux yeux fous. Des hommes en arme, des hommes en larmes, des hommes en parc. Et puis des hélicoptères qui pulvérisent les zones dévastées où la vermine grouille sur des corps sombrés, abandonnés là. Des cris, des poings tendus, des restes de vie qui s’accrochent aux branches, qui flottent sur des radeaux de tôles et puis des mots, des flots de mots qui charrient la compassion du monde, notre miséricorde qui en a tant vu. Nous les connaissons bien ces images terrifiées. Depuis Biafra, nous les regardons presque les yeux fermés, blasés que nous sommes par l’infortune de ces terres de pas de chance, cette Afrique qu’on regarde en haussant les épaules, las de toute cette sauvagerie qui ajoute à la malédiction. Cette fois nous ouvrons les yeux, ahuris d’entendre et de voir que l’apocalypse du ciel et la barbarie qui en découle ont franchi l’océan pour fondre et balayer un bout d’Amérique, celui qu’encastre le Golfe du Mexique. Nous avons grandi avec une géographie du malheur bien découpée dans les manuels scolaires, un atlas de la fatalité qu’ensuite les JT ont conforté, le rendant définitif, presque logique. Nous avons grandi avec une géographie du rêve aussi. Mais voilà, on a la tête dure… Et on se frotte encore les yeux devant l’Amérique Noire. Ceux qui n’ont pu s’enfuir devant l’ouragan n’avaient ni voiture ni argent. Ils étaient comme les Africains qui crèvent la misère, ni plus ni moins. Oubliés, effacés, noyés.

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Commentaires
P
Beaucoup des corps des vivants sont obèses, voire énormes. Il paraît donc que, dans ce pays-là, l'obésité est une maladie de pauvre.<br /> <br /> Ces images atteignent enfin l'Américain moyen. Qu'en adviendra-t-il ? Cet Américain va-t-il réaliser que sa fortune repose sur les épaules de tous ces sans nom ? (Légende d'un dessin dans Charlie Hebdo : "S'il n'y avait plus de pauvres il n'y aurait plus de riches. Il n'y aurait plus que des gens à l'aise, ce serait d'une vulgarité !")
Post-Scriptum, Gildas Richard
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